Collection d'une vie - Docteur Bussière



Biographie Dr. Bussière

Issu d’une famille modeste de la Creuse, Jean-Augustin choisit la médecine navale avec pour rêve et vocation de soigner et voyager à travers le monde.
Reçu au concours de l’Ecole de Médecine de la Marine de Brest en 1890, il intègre deux ans plus tard l’Ecole de Médecine de la Marine et des Colonies de Bordeaux d’où il sort en 1895. Il est alors nommé provisoirement à Cherbourg à l’Hôpital Maritime comme aide-chirurgien en attendant le départ fin 1895 pour le Sénégal.

Tout comme ses camarades, le jeune médecin de la Marine est attendu dans les nouveaux territoires, où la lutte contre les maladies infectieuses est aussi importante que la conquête et la pacification. Les principes de Pasteur, l’hygiène et la mise au point des nouveaux vaccins sont les principales armes du médecin de brousse.

Il accompagne les missions qui remontent le fleuve Sénégal, et on le retrouve dans les grandes expéditions sahéliennes comme celle du Colonel Marchand.

Il reçoit sa deuxième affectation dans les comptoirs de l’Inde, toujours guidé par l’impérieux besoin d’élargir la vaccination antivariolique et la lutte contre le choléra.À Pondichéry, il prend la direction de l’Ecole de médecine, créée en 1863, la plus ancienne des écoles françaises d’outre-mer destinées à former des officiers de santé et des vaccinateurs. Ses nombreuses publications se voient régulièrement récompensées.

Puis c’est au Tonkin à 8 jours de bateau de Pondichéry que Bussière et sa jeune épouse Marie Josèphe Françoise Coralie dite "Marion" débarquent dans le port de Saïgon : Jean-Augustin Bussière y est appelé pour renforcer l’équipe de vaccination de l’institut Pasteur que dirige Paul-Louis Simon, dont il devient le directeur-adjoint. Grace, à Calmette l’Institut Pasteur de Saïgon dispose dès 1891 de la principale base de fabrication de la vaccine antivariolique qui est exportée dans tout le Sud-Est asiatique.

Le docteur Bussière vaccine donc à tour de bras dans les villages proches de Saïgon. Il croise bien sûr le chemin de Yersin.

De retour en métropole, Jean-Augustin Bussière doit rejoindre le Ier Régiment d’Infanterie Coloniale de Lorient. Mais il est détaché auprès de la légation à Téhéran, plus exactement médecin des consulats de France et de Russie, et conseiller personnel des gouverneurs de Bassora et de Chiraz; il sillonne la Perse, et organise la lutte sanitaire contre la peste et le choléra.
Il est nommé Médecin en Chef des douanes du Golfe persique.

De 1909 à 1913, Jean-Augustin Bussière est promu adjoint au Directeur du Service de santé des Colonies, et réside près de l’Institut Pasteur.
Il se passionne pour l’aventure médicale de son ami Yersin qui vient en 1911 de découvrir le bacille pesteux en Chine du Nord et décide de repartir pour la Chine à Tien-Tsin  au printemps 1913. Les escales de ce long voyage sont autant de rencontres  : Henri de Monfreid, le marchand d’art et collectionneur Albert Baur. Quand il montre ses lettres de cachet à la légation de France à Pékin, il a 41 ans et il ne sait pas encore qu’il passera les 41 années suivantes sur le sol chinois.

Après avoir été affecté comme Professeur de l’Ecole de Médecine Navale de Tien Tsin et Chef de Service du 16è Régiment d’Infanterie Colonial, il est très rapidement appelé à Pékin comme Médecin de la Légation (puis de l’Ambassade) de France à Pékin (de 1913 à 1946). À la suite de Victor Segalen, son cadet à la Santé navale, il devient médecin conseiller à la présidence de Yuan Shi Kai, et quand celui-ci s’autoproclame « le fils du ciel », il devient aux yeux des occidentaux « le médecin de l’empereur  » honneur qu’il partage avec le Dr Henri Watt, le médecin chinois directeur de l’école de Médecine Navale de Tientsin.
Bussière restera le conseiller médical des présidents de la République chinoise Li Yuanhong (1916-1917), Feng Guozhang (1917-1918), Xu Shichang (1918-1922), Cao Kun (1923-1924). Parallèlement, sa proximité avec la communauté religieuse française lui offre le poste de médecin chef de l’Hôpital Saint Michel, (1913-1937), puis médecin-chef honoraire jusqu’en 1951. Il fera agrandir l’hôpital pour y accueillir aussi bien leschinois que les étrangers du quartier des Légations. Il devient rapidement le médecin français emblématique de la vie locale et marque son passage comme un médecin de terrain, à l’écoute de ses patients illustres ou inconnus, mais aussi comme un humaniste préoccupé du sort des miséreux et des réfugiés.

En 1920, pour se rapprocher de son lieu de travail le docteur Bussière achète une vaste maison traditionnelle, avec ses cours arborées et ses pavillons dans le Hutong Ta Tien Shui Tsin près de la célèbre artère WanfuJing. Il la décore entièrement dans la tradition chinoise. La maison tient lieu de véritable salon littéraire où l’on se retrouve pour écouter les écrivains et poètes, les philosophes et les explorateurs  : Alexis Léger alias Saint John Perse, Teilhard de Chardin qui raconte ses fouilles paléontologiques et ses visions mystiques, Alexandra David-Neel qui lui confiera ses affaires personnelles durant son exploration du Tibet, les explorateurs Paul Pelliot et Swen Hedin , l’abbé Breuil et le Père Leroy dans le sillage de Teillard, le philosophe Lévy Bruhl , et bien d’autres… Pilier de la présence française, le docteur Bussière est nommé Directeur de l’Alliance Française, et directeur du comité de Pékin de la Croix Rouge française. Avec St John Perse, il sera en mai 1920, le médecin et le photographe de l’expédition en Mongolie de Pékin à Ouarga la Sainte (l’actuelle Oulan Bator)à travers le désert de Gobi, organisée par le directeur des postes Henri PicardDestelan, et en compagnie de Charles Gustave Toussaint, juriste colonial et spécialiste du Boudhisme). Il crée un dispensaire en 1933 pour soigner gratuitement les paysans du village voisin de Bei An Ho.

Dans sa retraite tardive, il se passionne pour l’art chinois, la peinture, la musique, l’art des sceaux et la calligraphie au contact d’une artiste lettrée et fille d’une grande famille de mandarins, Wu Seu Tan (1924-2013), élève des princes Pu Qin et Pu Quan, à l’Université Fu Jen avec qui il convole en secondes noces.

Pasteurien dans ses œuvres de vaccination à travers l’Afrique, l’Asie Mineure et l’Extrême-Orient, humaniste au chevet de ses patients pauvres ou riches sans distinction de races, de politique ou de religion, artisan de la diplomatie et du rapprochement des cultures Jean-Augustin Bussière œuvra comme beaucoup de ces médecins célèbres ou inconnus de notre prestigieuse école de Médecine navale et coloniale au rayonnement de la France dans le monde.

Un siècle après son arrivée à Pékin, son œuvre en Chine redécouverte s’inscrit dans le « Jardin de Bussière », ses maisons chinoises et le dispensaire rénovés à l’identique, ouvert au public depuis 2015, devenu un symbole officiel des relations franco-chinoises.


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Vente Art d'Asie - Mercredi 16 décembre
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